Une semaine au paradis [Pv Karel]

Je le regardais, ou plutôt fixais, contemplant sa réaction au combien amusante, voir hilarante. Il semblait véritablement choqué de me voir ainsi, dénudée devant lui, même si je pouvais voir un éclat de désir danser dans ses prunelles. Ah les hommes... tous les mêmes. Si l'heure avait été autre, j'en aurais certainement rit, mais je ne le fis pas. Sans plus de cérémonie j'entrais dans l'eau glacée de la rivière, un léger frisson parcourant ma peau laiteuse, me plaçant en son centre et m'immergeant totalement. Je me mis alors à jouer avec les remous, évitant les rochers, dansant sensuellement avec le courant. Je ne faisait qu'illustrer mes paroles surement incompréhensible pour lui mais qui deviendrais plus clair lorsqu'il réussirait cette étape. C'est avec un sourire en coin que je me remémorais comment nous en étions arrivés là, lui et moi, une semaine plus tôt ...

F L A S H B A C K

Nous nous dirigions vers l'est, droit vers le soleil, au triple galop. J'étais plongée dans mes pensées, concernant l'entrainement que je ferais subir à Karel. Je savais que j'avais peu de temps devant moi pour ça, 5-6 mois tout au plus. Cela faisait désormais 4h00 que nous chevauchions sans avoir échanger un mot, sans nous arrêter. Il devait pas être loin de 11h30. Je calculais brièvement la distance qui nous séparait de notre destination, que j'avais gardée secrète jusqu'à maintenant - pour la bonne et simple raison que je m'étais décidée en chemin. Nous avions encore environs un petit quart d'heure de chevauchée à effectuée avant d'arriver à destination. Un léger sourire s'accrochait à mes lèvres désormais, et je sortais de mes songes pour regarder discrètement Karel. Il semblait plus détendu, ses pupilles d'un éclat lumineux que je ne connaissais pas. Il semblait également dans ses songes. Mon sourire s'agrandit légèrement. Je ralentis légèrement l'allure, pour capté son attention et je me mis alors à parler, d'une voix claire et cristalline, sérieusement.

Karel? Avant que tu ne me pose X questions ... Sache que l'on ne va pas pouvoir passer autant de temps qu'il le faudrait. Cela prendrait des années pour véritablement te former, hors le temps nous manque. Au total nous n'aurons que 5 voir 6 mois au grand maximum, ce qui est vraiment limite. Donc compte sur moi pour t'en faire baver tous les jours, de 6h00 à 22h00 tapantes.

Je me tus un instant, avant de reprendre, souriant légèrement, véritablement amusée.

Mais aujourd'hui je suis gentille, nous allons nous poser pour la journée. J'ai un programme en tête, mais tu ne sauras ça que cet après-midi. Nous allons donc faire escale à Lïmb, une ville marchande assez ... animée. J'y est séjournée durant une dizaines d'années, j'y possède donc de bonnes adresses. Nous y serons d'ici une dizaine de minutes.

Je lui souriais doucement, puis relançais ma jument baie au galop, riant légèrement. J'étais décidément de bonne humeur, chose rare chez moi. Nous arrivâmes donc à la ville pittoresque et animée de Lïmb, qui en apparence faisait très "petit village commerçant". Pourtant, chose étonnante, il y avait aussi de grandes boutiques de marques, des hôtels assez luxueux ainsi que des casinos et des nightclubs mêlés aux marchés et petites boutiques commerçantes. Je souriais en me remémorant des souvenirs cocasses lors de mes nombreux passages. Nous traversâmes la ville au pas, laissant Karel découvrit la ville de ses propres yeux. Il y avait beaucoup de monde dans les rues, comme toujours dans ce genre de villes. Je pris la direction d'une ruelle plus calme et la traversais silencieusement. Une auberge de jeunesse se dressait fièrement devant nous, et un sourire de gamine m'éclairait le visage alors que je sautais de cheval et confiais ce dernier et mes bagages à un "valet". J'ouvrais la porte sans plus de cérémonie avec fracas, et tous les regards se tournèrent vers nous. Un silence de plomb se fit dans la salle jusqu'au moment un grognement puissant d'ours se fit entendre.

NOM DE DIEU !!! QUEL EST LE ZOUAVE EN CULOTTE COURTE QUI A LAISSE CETTE FICHUE PORTE OUVERTE?

J'éclatais alors de rire quand le propriétaire de ce grognement magistrale déboula devant nous, un type immense et baraqué, effrayant. Cet ours brun énorme écarquilla les yeux en me voyant et se précipita vers moi pour m'emprisonner dans ses bras, me faisant tournoyer sous le regard ahurie des clients.

ANGE !!!! Nom de dieu, que c'est bon de te revoir! t'as pas changé, toujours aussi petite et freluquette! Tant fais pas, Oûl va t'arrenger ça!
OÜL ! FAIT CHAUFFER TES MARMITES, LA CREVETTE EST DE RETOUR!

Je rigolais toujours lorsqu'il me posa à terre pour me prendre dans ses bras affectueusement. Une autre voix se fit entendre sur le même ton, ce qui me fit rire de plus belle.

OUAI C'EST BON J'AI ENTENDU ! PAS LA PEINE DE HURLER COMME UN MALADE, ELLE VA DEVENIR SOURDE LA PAUVRE! JE TE L'AVAIS DIT QU'ELLE REVIENDRAIS, ELLE PEUT PAS SE PASSER DE MA CUISINE !

L'ours grogna une réponse intelligible qui fit rire l'assemblée des clients et me serra contre lui. Il désigna alors Karel, qu'il regarda longuement, avant de déclaré, amusé.

Tient? Tu les prends au berceau maintenant?

Je manquais de m'étouffer et cet idiot ricana. Je le frappais derrière la tête en m'adressant à Karel, faisait fit du léger grognement de mon ami, amusée malgré tout.

Karel, je te présente Patrick, Pattzi pour les intimes, le maître les lieux. On ne dirait pas comme ça mais sous ses airs bourrus c'est un gros nounours ... que je finirais par empailler si il continue à me taquiner de la sorte.

Je lui fis un clin d'œil complice tandis que Pattzi nous entrainais vers une table, jusqu'à ce qu'un grand type blond plus fin arrive en tablier et me serre dans ses bras. Il salua Karel et se présenta avec bonne humeur comme étant Oûl, le cuistot en chef et accessoirement le changeur de couche de Pattzi. Leur bonne humeur étant contagieuse, j'étais littéralement euphorique. Ils m'avaient tellement manqués ... Oûl nous apporta sa spécialité: une terrine de thermites en entrée, un farci de dindes aux châtaignes et aux petits légumes de saisons en plat de résistances et ses délicieuses crêpes en dessert. J'expliquais à Karel que c'était ma cantine préférée de tout Midgard, à cette réplique Pattzi ne pouvais s'empêcher de bomber le torse sous le rire des clients, tandis que Oûl arrivait pour lui donner un coup de poing dans le ventre : Pattzi dégonflant soudainement. C'est avec bonne humeur que se passa le repas, Pattzi et Oûl attablés avec nous en se remémorant le bon vieux temps, celui ou naturellement Pattzi se prenait pour mon ange gardien et ne s'attirait que des ennuis au final, Oûl s'amusant à arbitrer et à jouer la maman poule. Oûl alla ensuite préparer nos chambres tandis que Pattzi partait faire des courses après la fermeture de l'auberge, rayonnant. Je soupirais de contentement avant de sourire à Karel et, tout en le fixant de mes yeux dorés rayonnant, lui demander:

Alors, que pense-tu de ma cantine préférée?

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