Omnos - Futur bras droit [Ruby]

Les arbres se profilaient sur mon chemin, filtrant la pâle lumière de la lune, laissant plus d'obscurité que de lumière. J'avance, je sais où je dois aller. Les quelques bâtiments qui sont sur mon chemin, je n'y prend pas garde. Je préfère les arbres, la nature... Et je me retrouve sur le lieu du rendez-vous. Personne, comme je m'y attendais. J'avoue que, si j'arrive avec deux heures d'avance, il n'y aura personne, ou presque. A moins que la personne avec qui j'avais convenu un rendez-vous ne soit là avant moi, par pure habitude d'être en avance. Bah ! comme je m'y étais attendue, il n'y avait pas un chat. Je me suis adossée au mur, et j'ai attendu. Ce muret, là, il était assez haut, et en montant dessus, on devrait avoir une belle vue. J'y montais donc. En effet, j'avais une jolie vue sur l'ensemble du paysage, et faisant confiance à ma mémoire, je saurai reconnaître le visage de la personne avec qui j'avais une entrevue... Quoi avait-il été question déjà ?

La nuit ? Tu parles ! Il faut vraiment être myope pour ne pas y voir. Je ne vois toujours pas pourquoi j'attend. Si j'ai été stupide au point d'accepter, quoique, c'est moi qui ai proposé de venir ici. Bon allez, que fais-tu ? Tu n'as pas peur tout de même ? Allez, viens, je ne vais rien te faire. De quel camp es-tu ? Raiksos ou Rakennus ? Les Raiksos ! Hm, je vois. Sais-tu te battre ? Oui ? Excellent ! Ecoute, retrouve moi ici demain à la même heure. Pourquoi ? J'ai à te parler, et j'ai aussi quelque chose à te proposer. Et résultat ? Je me retrouve ici à attendre comme une idiote !

Et j'attends..Je remue ce souvenir, datant à peine d'hier. Je suis assise sur un mur en pierre, et je me tue à attendre. Fallait-il dire, il n'y avait vraiment pas grand monde ce soir là. Deux trois personnes pressées, un chat errant de ci de là, mais rien d'autre. J'ai donc sorti Mjölnir, ma fierté et mon "ami", mon "allié" en quelque sorte. Je l'ai admiré. Il était si beau ! Les Gants de Fer se sont mit à briller quand j'ai enlevé Mjölnir de la ceinture où je le portais. Je ne risquai absolument rien, puisqu'il n'y avait personne. Et puis, quand bien même l'inconnue rencontrée hier voyait Mjölnir, l'histoire légendaire de l'arme ne l'inciterait pas à s'en approcher de si près. Peut-être me trompais-je, qu'est ce que j'en savais ? Ou plutôt, qu'est ce que j'espérais.. Probablement rien. Enfin, si, j'esprérais tout de même qu'elle vienne à l'entrevnue. Ne serait-ce pas la moindre des choses ?
Je dois être un peu obsédée par Mjölnir, je l'avoue, mais j'ai pris un tissu dans ma sacoche et j'ai commencé à astiquer le marteau de Thor. Je m'ennuyais, à vrai dire, et je m'occupais comme je pouvais. Au bout d'une heure environ, j'avais fini de frotter Mjölnir qui brillait. Combien de temps encore ? Ouais, une bonne heure d'après ce que je savais. C'est plus dur de se repérer avec la lune qu'avec le soleil...
Le hibou hululait sur sa branche, et je commençais légèrement à m'endormir. J'étais là, à chantonner une vieille chanson, seul souvenir sûrement de la femme qui fut ma mère, assise sur un muret à attendre bêtement que quelqu'un vienne. Ah mais bon sang ! Ce que je suis stupide ! Vedrfölnir, le corbeau. Je l'ai appelé, donc, et je lui ai dit de me prévenir s'il voyait la personne de la veille. Il n'aurai aucun mal à la reconnaître, il était encore perché sur mon épaule hier. Je le laissais donc s'envoler, à guetter.. Mais du coup, je n'avais rien à faire non plus. Je me suis donc remémoré le Ragnarök. Comme si je pouvais ! Eh bien oui. Assise sur mon mur de pierre, je murmurai pour moi même :
-Thor fit neuf pas avant de s'effondrer, mort, succombant au poison de Jörmungrandr qui agonisait déjà.
Je connaissais ce passage par coeur. A force de me le répéter... J'aimais tellement ce passage là du Ragnarök, car au fond de moi je disais : Merci Thor, d'avoir succombé, grâce à toi, j'ai pu prendre Mjölnir et personne d'autre ne l'aura. Aah ! L'avant Ragnarök ! Combien de temps déjà ? Plus de six cents hivers. Croassement de Vedrfölnir. Je me penchais en avant, rien. Enfin, si...Vedrfölnir qui revenait, à tire d'ailes.
Le corbeau se posa sur mon épaule, ses yeux rouges contrastant sur ses plumes noires. C'est alors que je vis une silhouette se profiler dans la nuit. Elle avançait d'un pas décidé. Je souriai. Ainsi donc, elle était venue ! Cela change des froussards et des lâches, des tire au flanc et des incapables. Mon ambition, c'était d'en faire mon bras droit, et elle me semblait avoir le bon potentiel. Je descendis de mon mur en sautan, le corbeau sur mon épaule et Mjölnir à ma ceinture pour venir à la rencontre de ladite personne. Une fois qu'elle fut à ma hauteur, je lui dit en souriant :
-Bonsoir ! Je suis contente que tu sois venue, nous avons à parler, et la proposition que je vais te faire te plaira sûrement.

Une fine silhouette solitaire marchait d'un pas lent et tranquille à travers le bois. Elle n'avait guère l'ai très pressée, au contraire... Sa cape noire la recouvrait toute entière, une capuche retombait sur une bonne partie du visage.

Cette silhouette, c'est moi. Ruby Van Rosenshield,une vingtaine d'année, bretteuse de talent, œuvre pour les Raiksos. Et Ponctuelle. Comme toujours. Voilà pourquoi je ne me pressais pas. Parce que je ne voyais pas de raison de le faire. Mes pas, lents et réguliers, faisaient crisser des branches mortes éparpillées sur le sol boueux, émettant un 'cracs' sinistres, qui résonnaient dans le silence profond et lourd de la nuit. La lune, décroissante, filtrait à travers l'épais feuillage, et luisait d'une lueur maladive. De part et autre de moi, se déployaient des rangées d'arbres, d'immenses chênes, hauts comme des cathédrales, à la fois majestueux et effrayant. Bien sûr, je pouvais marcher en silence. Mais à quoi bon ? Je connaissais déjà l'emplacement exact de chaque chose autour de moi... Comme je savais qu'un étrange corbeau, perché sur un monumental chêne, celui qui dépassait tous les autres d'une bonne dizaines de mètre. Je sentais... Enfin, je ressentais et je voyais sans voir, ses prunelles rougeâtres dardées dans mon dos. Puis, en émettant un horrible croassement, il prit son envol, en ne laissant, qu'une poignée de plumes noir encre, qui flottèrent quelques instant dans les airs, avant de planer, avec une lenteur exagérée, puis de toucher avec paresse, le sol sombre et humide du bois. Je me baissai pour en ramasser une, en la faisait tournicoter entre mes doigts. Il me semblait, durant un instant, apercevoir une lueur de conscience dans les prunelles. Une conscience...presque... Humaine. Mais, je ne m'en souciais pas, et continuait tranquillement mon chemin, à travers la forêt, sans même emprunter le sentie... Je n'allais quand même pas me perdre. Le corbeau s'était envolé en direction du Nord. Tiens. Le Nord... C'est justement là ou je me rendais. Coïncidence ? Non. Je ne pensais pas. " Elle", se faisait toujours accompagner d'un corbeau. Je savais, je sentais qu'elle était déjà-là, Elle m'attendait au lieu de rendez-vous. Je L'avais rencontré hier soir. Elle ne m'avait pas précisé son nom, et n'avait fait que poser que quelques questions, portant sur mes aptitudes au combat, et d'autres dans le même genre. Je n'avais jamais vu son visage, pourtant, je la connaissais. Selena la connaissait aussi. J'avais, pour ma part reçu des ordres, sous formes épistolaires, de cette femme, mais Selena avait combattu à ses côtés durant le Ragnarök... Les femmes n'avaient pas été légions durant la Batailles. Et Selena avait assisté à sa mort. Juste avant de se faire transpercer d'une épée, pour sauver celui qu'elle aimait... Triste Histoire... Bref... Chacun dans les Raiksos chuchotait à voix basse son nom, comme s'ils craignaient de s'attirer Ses foudres. Bien que je n'ai guère prêté attention aux trop nombreux potins qui circulaient dans notre Camp, on me l'avait décrite comme costaude, ... presque comme une brute épaisse, blonde, guère très belle. Ce n'était pas du tout le cas. Pour l'avoir vu de mes propres yeux la veille au soir, je savais qu'elle était... Belle. Belle mais dangereuse. Corpulence fine, cheveux d'ébène...Dame Frey. La personne à qui va toute ma Loyauté, à qui j'avais fait allégeance...

Ma sombre silhouette émergea du couvert des arbres, je marchais toujours d'un pas lent, tranquille, mais toutefois très déterminée. Mes longs cheveux d'argent brillaient de tout leur lustre, maintenant que je les avais libérés de la capuche noire qui les recouvraient précédemment. Je serrais dans ma main, la Sphère, ce fameux artefact qui me permettait d'être omniscient. Mon oeil gauche, était dissimulé sous un bandeau de soie blanche, afin de dissimuler la phophorescence parme qui en émanait, signe que l'artefact était en marche. Je ne voyais quasiment plus rien de cet oeil, il me faudrait un certain temps, avant de récuperer ma vue... Une pause serait impérative. Mais pas de suite. J'avais trop à faire. Je la voyais de dos, perchée sur un muret, Mjölnir à la ceinture. J'esquissa un sourire carnassier dans le noir. A mon approche, elle sauta de son muret, avec grâce, et vint à ma rencontre, tout en souriant :

-Bonsoir ! Je suis contente que tu sois venue, nous avons à parler, et la proposition que je vais te faire te plaira sûrement.

Je m'inclinai de façon légère, me relevant tout de suite après... Les révérences les saluts traditionnels n'étaient pas ma tasse de thé... Juste une perte de temps.

" Ma Dame..., murmurais-je, même si dans mes lèvres, ces mots semblaient emprunt d'une certaine ironie, puis je poursuivis, plus fort, C'est un honneur. Je suis prête à entendre ta proposition.... Et quelque chose, je ne sais quoi me dit que d'or et déjà que je vais l'accepter...."

Un sourire espiègle se dessina sur mes lèvres cerises, et j'étais sûre qu'elle le voyait.... Malgré la nuit noire qui nous encerclait....

M'aurait-elle fait allégeance, dans le passé ? Si tel est le cas, alors je ne m'en souviens nullement. Non, pour l'heure, je la détaillais... Cheveux argent, comme la lune un soir de grisaille, une belle couleur, un oeil caché. La raison de ce bandeau sur l'oeil ? Je n'en avais aucune idée, ou en tout cas, pour le moment, et je comptais bien le découvrir. L'oeil visible, il était de couleur grenat. Un magnifique rouge, vraiment. Si j'avais su qu'elle serait aussi ponctuelle, j'aurais sûrement fait exprès de venir en retard, rien que pour la tester. Je ne l'aurais pas pu. Je hais les tire-au-flanc, et ce n'était pas pour en devenir un moi même. Je souriai soudain, elle allait parler. Je l'écoutai.

" Ma Dame... C'est un honneur. Je suis prête à entendre ta proposition.... Et quelque chose, je ne sais quoi me dit que d'or et déjà que je vais l'accepter...."

Quels mots empreints d'ironie ! Ton ton est légèrement sarcastique, ma chère Van Rosenshield, me retins-je de dire... Il valait mieux jouer au plus fin, bien que je sus qu'elle n'était pas dupe, et même très loin de là. J'avais même l'érange sensation qu'elle serait bien meilleure que mon dernier véritable "assistant". En y repensant, par ailleurs, le pauvre était mort de ma main. L'incompétent ! il n'avait pas même été capable de tenir plus d'un mois, et il s'était montré traître... L'idiot. En attendant, je fis signe à cette chère Rosenshield de se relever, et qu'elle abrège les formules de politesses, elle n'allait pas devenir comme tous les autres bras-droits. Non, sa place à elle allait être bien spéciale, bien définie. Une compagne de bataille, un peu comme.... .... une amie ? Oui, peut-être bien. Mais des amis, je n'en ai jamais eus, fut-il que ce soit Mjölnir.. Ou Vedrfölnir... Mais pour "eux deux", c'est différent. L'un est mon arme, et l'autre une aide précieuse. Et tous deux souvenirs du Ragnarök.

{Uuuuh, pas fini. Je finirai demain soir >O<}

» Ruby V. Rosenshield [ Réécriture]