A l'ombre, rien de nouveau !

- Tu es vraiment charmante, quel est ton nom ?

Le sang jonchait le sol, déjà à moitié coagulé. Dix minutes étaient passées depuis que le dernier homme s’était effondré, sous la fine lame de mon épée. Tuer, c’était surement la chose que je savais le mieux faire … Mais peu de gens étaient de taille contre un Avatar, surtout lorsqu’il possède des pouvoirs très effrayants et qu’il se trouve dans son élément. Pour eux, l’épée suffisait amplement ! Mon arme souillée de sang pendant des décennies ne coupait presque plus à présent, il était déjà étonnant qu’elle ait été aussi robuste pendant tant d’années ! Mais j’allais devoir m’en séparer, pour quelque chose de plus … moderne ? Oh, l’utilisation sera toujours la même cependant … J’ai besoin d’être sur que mon arme ne me lâche pas en plein combat, ce qui pourrait me couter un bras ou une jambe ! Mais assez parler de cela, parlons plutôt de ce qui venait de se passer il y a quelques minutes…


- Donne-nous tout ce que tu portes sur toi !!
- Mes vêtements ?
- Ne joue pas au plus malin avec nous, on parle de ta bourse ! Donne-nous tout, tout ce que tu as !! Et toi aussi …

Deux hommes et une femme, devant nous … Du trois contre deux, ou plutôt contre un, car l’homme à coté de moi ne semblait pas très doué en matière de combat. Il ne portait aucune arme sur lui, et n’avait pas l’air d’avoir une seule expérience dans ce domaine … Il avait peur, et sa se voyait : la sueur qui noyait son front en était le signe le plus apparent ! Et maintenant, que fallait-il faire ? Attendre un peu, voir si le problème pourrait se régler sans faire couler le sang ? Ou bien prendre de l’avance, et se débarrasser de tout ce petit monde, histoire d’en finir une fois pour toute ? Pendant mes moments d’inattention, l’un d’eux ne résista pas à tirer le carreau de son arbalète dans la poitrine de mon voisin, qui s’effondra au sol en tenant la flèche à l’aide de ses deux mains, et cracha un jet de ce liquide rouge au goût de ferraille juste devant moi … C’était finit pour lui, le temps de le faire soigner serait trop court, il n’en avait plus que pour quelques secondes, peut être un peu plus si la chance n’était plus du tout de son coté.

- Arrête ! On devait juste les menacer à la base !!

Pour des menaces, c’était très convaincant … Ils m’avaient même montré à quel point ils étaient sérieux, rien de mieux pour obtenir ce qu’ils voulaient de moi. Maiiis … Je n’étais aussi facile à convaincre, fort heureusement. J’allais agir, mais il fallait déjà récupérer mon arme, dans le dos d’un de mes adversaires : il l’avait discrètement sortie de son fourreau alors que les deux autres m’entrainait avec mon camarade dans cette sombre ruelle … De toute manière, avec ou sans, j’avais mes chances … Ou plutôt, eux n’en avait aucune ! Pas besoin d’attendre plus longtemps, le premier coup partit dans la joue du premier à ma portée. J’avais mis de la force, mais pourtant, il ne fit même pas une grimace …

J’avais quand même réussi à le surprendre, et il avait reculé de plusieurs mètres. L’autre ne tarda pas à réagir, il avait déjà opté pour une arme plus adapté à un combat rapproché : un bel espadon, avec sa forme ondulée … Une arme qui agit sur l’adversaire lorsqu’il pare une attaque, qui produit un son au contact ayant l’étrange capacité de déstabiliser celui en face de soi ! Il me lança une attaque de taille que j’esquivais en posant genoux à terre. Il se remit en garde, la pointe de son épée tournée vers moi, les bras tendus comme pour agrandir son angle d’attaque … Je n’allais ne pas lui laisser le temps de lancer une seconde offensive ! D’un bond, je saisis la lame dans mes deux mains et fit un mouvement vérin qui fit rentrer le pommeau de son arme dans son estomac … J’y étais allé un peu fort je crois … Ou il était peu être moins costaud que son ami, car il lâcha l’espadon aussitôt, et se plia en deux au sol. Le costaud, justement, s’empressa de se jeter sur moi avec une épée batârde … D’un mouvement imperceptible, j’évitais le coup donné à la verticale en faisant un pivot pour me retrouver sur son flanc gauche, et je retirais l’épée qu’il m’avait volé auparavant de l’endroit ou il l’avait accroché. Je finissais ma course dans sa direction, alors qu’il me tournait le dos …

- Tout de suite, la situation n’est plus la même … Pas vrai ?

Il venait de comprendre ce qui se passait, et avant qu’il ne puisse m’empêcher de le faire, je lui donnais un coup d’estoc afin de le précipiter au sol pour la dernière fois de sa vie. Et de un ! Je me tournais vers le deuxième, se remettant seulement du violent coup qu’il avait reçu. Je me rapprochais de lui en marchant calmement, assez lentement … Il prit peur, et sauta sur son arme avant de voir sa tête tranchée, faute d’inattention … Et au final, et comme bien souvent, c’est une femme qui restait debout, toujours hors du combat … Savait-elle se battre ? J’eu ma réponse bien assez tôt, après qu’elle m’ait lancé deux poignards très joliment aiguisés à une vitesse folle, si bien qu’un des deux réussi à se loger près de mes côtes tandis que j’esquivais l’autre …

- C’est vilain de s’en prendre à un homme de cette façon … Ou est la féminité dans tout ca ?

J’avais sentis la dague se planter dans ma chair et diffuser cette délicieuse sensation … la souffrance ! Oh, je ne grimaçais pas pour cela … J’avais appris à oublier la douleur à un certain degré, ce que certains avatars devaient avoir en commun avec moi. La femme réagit à ce que je venais de lui dire en fronçant les sourcils, je devais l’avoir vexé … Et ben, il lui en fallait vraiment peu !! Elle sortit ce qui ressemblait à un cimeterre (d’ailleurs, s’en était un !) et se mit face à moi, comme pour me défier en duel ; je fis de même. Nous étions face à face, un coup suffirait à donner la victoire de l’un d’entre nous … Elle fit un pas, j’en fis un de mon coté, et les coups furent portés à la même vitesse, au même instant … Sa lame s’était encastrée dans mon épaule, la mienne lui avait perforé le cœur si j’avais réussi mon coup. Elle tomba devant devant moi, et cracha du sang noirâtre sur le sol : je n’avais pas bien centré mon attaque, elle était toujours vivante. Bientôt, elle tomba au sol en respirant avec difficultés, une respiration lourde qui disparaissait à chaque fois que la mort se rapprochait.

- Tu es vraiment charmante, quel est ton nom ?

Bien entendu, elle ne pouvait pas me répondre étant donné la situation dans laquelle elle se trouvait. J’avais déjà une idée en tête, mais je voulais d’abord avoir sa permission avant tout.

- Je peux … te donner une seconde chance, te faire vivre de nouveau jusqu’à ce que la mort décidé de venir te rendre une petite visite. Puis-je ?

Dans son désespoir, elle ne me fit qu’un geste de la tête. J’avais l’autorisation de faire ce que bon me semble, je pouvais commencer le rituel. Mais, alors que j’étais sur le point de débuter, j’entendis des bruits de pas derrière moi … Qui était-ce ? Je n’en avais aucune idée. Mais qui que se soit, il fallait que je parte loin de cette rue, immédiatement. Même dans cette contrée, il n’était pas très bien vu d’assassiner des personnes en pleine journée !!