retour en Midgard

Loki posa un pied à terre ; il était de retour en Asgard et il comptait bien arriver à ses fins, le but qu’il s’était fixé était sa seule raison de revivre incessamment. Dès qu’il le pourrait il mettrait fin à son calvaire. En attendant il était hors de question de laisser le monde prendre la direction qu’il prenait, il allait remettre celui-ci dans la bonne voie. Il ne tuerait pas les avatars qui s’opposeraient à lui non, il les enchainerait à la même chaine qui avait emprisonnée Fenrir et il remodèlerait le monde sous leurs yeux. Mais il devait pour cela retrouver les autres avatars et leur redonner conscience. Il laissa échapper un rire, il avait devant lui un long et dur labeur mais peu importait ; il modifierait le chemin que le monde était en train de parcourir. Il sortit de sa poche sa pipe et l’alluma intensément en faisant appel aux pouvoirs de la nature après y avoir placé du tabac. Il cracha la fumé avec plaisir ; il sentait encore que son corps et que son esprit n’étaient pas encore réveillés des dernière années de sommeil.

Il siffla alors et deux énormes loups noirs apparurent, l’héritage d’Odin. Il caressa les deux créatures avec joie, eux ne le trahiraient pas ; il en était sur. Loki déclencha alors les pouvoirs de son œil, redécouvrant un endroit qu’il avait milles et milles fois vu. Décidemment, tout était bien lassant. Se mettant en marche le jeune homme vit où plutôt ressenti la présence de bandits. Ceux-ci avaient peu d’intérêt pour, il claqua de la langue et les deux loups partirent en trombe, provoquant un vrai carnage parmi les pauvres bandits qui ne comprirent ce qui leur arrivait qu’à l’instant de leur mort. Livrer lui-même ce combat n’aurait eu aucun intérêt estimait-il. Il sentait la fraicheur de l’air environnante, la trouvant particulièrement revigorante, les bandits était déjà loin pour lui alors que cela faisait à peine quelques seconde qu’ils étaient morts. Il sentit l’énergie de Yggdrasill pulser, l’envelopper et cela provoquait en lui une certaine ivresse qui, devait-il avouer était particulièrement agréable. Mais cette sensation disparaitrait bientôt, laissant place à la douleur de l’arbre monde, en son triste chant. Ce serait lors de cette vie que le monde prendrait son tournant définitif, il le savait.

« Misérable insecte que vous êtes, vous grouillez sans vous préoccuper de l’avenir de votre monde… Mais cela ne durera pas je vous le promets… »

Ce monde l’écœurait vraiment et il fut tiré de sa rêverie lorsque les runes à son œil gauche déclenchèrent un picotement familier. L’autre œil était dans les environs, il le savait. Il se dirigea alors dans sa direction, logeant un fleuve gelée tandis qu’il neigeait. S’il avait été encore un « humain » il serait mort de froid à l’heure qu’il est sans sa cape. Mais il portait sa cape et il n’était pas humain. Il longea la pleine enneigée d’un coté et le fleuve de l’autre, profitant du faible vent qu’il y avait. Il était vivant, ou tout du moins il n’était pas mort. Il était arrivé à proximité de l’endroit ou la jeune fille arriverait, en plein milieu du chemin. Il sortit sa lourde épée et la planta dans le sol. Loki était sur qu’elle passerait par la route. Il vit sa silhouette se dégager de la brume et de la neige et attendit qu’elle soit assez proche de lui. Il s’appuyait sur son épée avec nonchalance et lui parla.

« Cela fait bien longtemps tu ne trouve pas Ange… »

Cela faisait maintenant deux semaines que j'avais quitté Valerian, une personne que j'avais d'ailleurs retrouvé avec plaisir. Perdue dans mes pensée, je marchais au gré du vent, sans but aucun mis à part suivre ce que lui dictait mon cœur - comme d'habitude en somme. Cela faisait maintenant quelques heures que j' avais réalisé que mes pas me menaient vers mon village natal, enfin ce qu'il en restait : c'est à dire rien. Cela faisait tellement longtemps, tellement d'années que je n'y avais pas remis les pieds ... Je dois avouer que j'avais un peu peur. Je ne savais point si depuis le temps si une nouvelle génération était venue s'implanter de nouveau dans la vallée. Au fond de mon être cela me rendait extrêmement nostalgique et anxieuse : c'était après tout la vallée de mon enfance mais également la vallée de mes cauchemars ... La vallée hantée de mes souvenirs.

Je se replongeais dans les méandres de mes pensées, me repassant une nouvelle fois en esprit ma rencontre avec Karel suivit de la mort de ma compagne ... Je lâchais un lourd soupir, triste, pourquoi fallait il que la vie s'acharne à prendre la vie des gens que j' aimais? Quoi que je fasse, cela me poursuivait toujours, au point que je me demanda si je ne devais pas continuer ma route seule, sans s'attacher - chose pourtant impossible malheureusement - pour ne plus avoir à souffrir. Ce monde était toujours le même, malgré plus de 900 ans d'existence, il était toujours aussi triste, douloureux et froid même si parfois des petites éclaircies de bonheur le traversait. Je me mis ainsi à rêvasser, pensant cette fois ci à ma cher et tendre Kuki, mon adorable sœur jumelle et âme-sœur perdue. Je me demandais une nouvelle fois si l'endroit de sa sépulture avais changé - j'espérais que non - bien qu'il fut vrai que j'avais mis toute mon énergie à la bâtir. Dans son tombeau de verre elle reposait éternellement désormais, sa peau laiteuse e crème et de roses et son air serein d'autrefois restant les mêmes. Elle reposait dans une clairière simple et sauvage, si belle, entourée de millier de fleurs sauvages tel que les lilas, les roses ou encore les iris et les jacinthes. Je savais que si cet endroit était et serait toujours un endroit "paradisiaque" pour les écureuils, il serait à jamais interdit et caché aux hommes : seuls les animaux et moi même pouvant y pénétrer - sauf si une personne chère à mes yeux avait mon autorisation d'y accéder.

Quelque chose de froid mais doux me fit revenir à la réalité: un beau flocon blanc que je savais glacé mais qui me paraissait seulement "froid". Je regardais autour de moi et vit qu'il neigeait désormais, recouvrant la route, les arbres environnants et le petit ruisseau d'un beau manteau blanc. Je souris à cette vision, vision mélancolique d'un autre souvenir lointain - était ce le hasard ou juste le caprice d'un Dieu qu'il se mette à neigé ce jour là, le jour de son anniversaire - et du mien par la même occasion - comme le jour de notre naissance? Je remarquais peu après, sur le bas coté de la route, une chose étrange: deux fleurs si belles et si blanches étaient entremêlées. Était-ce véritablement un hasard si ses deux jeunes pousses étaient entremêlées ainsi comme le lien qui nous unissait lorsqu'elle était encore en vie? Si mon véritable nom signifiait "neige" et le sien "fleur"? Une perle argentée naquit de mes yeux et s'aventura le long de ma joue lorsque dans un sanglot refoulé je murmurais le surnom que je lui avais donné et qui lui allait si bien. Je ne sus si c'était par la culpabilité ou le désir d'apporter un peu de chaleur dans mon cœur gelé que je fis ce geste, toutefois je le réalisa et cela seul eut son importance. Ainsi je me baissa près des deux jeunes pousses tendres à mes pieds, prononça quelques mots dans une langue étrange et ancienne - indescriptible - et aussitôt ses deux poussent vinrent se loger dans mes cheveux bruns. Je souris doucement, me relevant avec douceur, pour ensuite reprendre mon voyage sur ce chemin étrange, laissant ma douceur si fragile disparaitre de mon visage étonnement plus envoutant et doux par cette journée hivernale.

Je ne savais pas quelle température il faisait désormais, je savais juste que , étant donné l'état du ruisseau, devenu progressivement rivière puis petit fleuve complètement gelé - un être normalement constitué n'aurais certainement pas survécut à un froid polaire pareil. Étrangement un tapis léger de brume s'empara de moi, mais je ne fis rien pour le faire disparaitre - certainement pour jouer a cache cache avec le vent. Je sentis soudain mon propre corps être parcourus de frissons, frissons que j'aurais reconnu entre mille. J'écarquillais donc les yeux tandis que mes pensées s'égaraient de nouveaux dans les lointains et tortueux chemin de mon passé, à la recherche d'une personne que je n'avais décidément point vue depuis le Ragnarök ... Loki. Étrangement, je sentis mon propre corps rajeunir de centaines d'années et un instant je redevins cette enfant de 10-11 ans que l'enfance avait quittée bien trop tôt. Un sourire étrangement doux et espiègle apparut sur mon visage habituellement sans émotions, me rappelant les deux années que Loki nous avais offerte pour nous former... Je secoua la tête doucement pour revenir à la réalité sachant pertinemment que si il réapparaissait en ce lieu aujourd'hui c'était tout sauf le pur hasard. Mes pas me conduisirent à lui sans effort, nos deux pouvoirs étant en résonances perpétuelle.

Ainsi la brume se dissipa lentement autour de moi au moment même ou j'apercevais la forme de son corps, il était simplement appuyé sur son épée, sa cape bougeant doucement au gré de la légère brise qui décoiffait ses cheveux blond, son regard bleu ancré dans le mien ou fixant mon corps dont la beauté irréelle étaient accentuée par la neige en aurait tué plus d'un. Sa voix s'éleva alors, aussi "douce" que dans mes souvenirs.

« Cela fait bien longtemps tu ne trouve pas Ange… »

En effet, un peu plus de 900 ans si je ne m'abuse ... Sache que tu m'as également manqué, Loki.

Je répondis ceci dans un sourire entendu, mes pupilles actuellement bleu océan brillant certainement avec intensité en cet instant. Je repris, toujours avec ma voix chantante, posée et si douce, qui était mienne depuis ma renaissance.

Hum. Quoi de neuf depuis tout ce temps? Je suppose que ton retour parmi les vivants et autres créatures douées d'intelligence n'est pas un pur hasard ... Je me trompe?